Vous vous sentez l’étoffe d’un bon Samaritain ? Alors le jeu vidéo Accident -édité par Duality Games et qui sort sur la plateforme Steam tout juste aujourd’hui- ¹ risque de vous plaire et de vous faire passer de bonnes heures devant l’écran (⚠️ mais pas des semaines ⚠️).

Présentation du jeu Accident

Officiellement, vous incarnez un(e) journaliste qui enquête sur des cas non résolus d’accidents arrivés par le passé. Par je ne sais quel principe méta-physique ² vous vous retrouvez ensuite au cœur de ces accidents et vous devez alors porter secours aux différentes victimes. Une fois les victimes secourues, vous ramasserez les indices présents sur les lieux et reconstituerez le scénario de l’accident. Mais trêve de mots, et passons aux images!

À qui est-il destiné ?

Maintenant que vous avez vu à quoi ressemble le jeu, voyons quel public peut y jouer. Mais avant cela, soyez conscient(e) que des images potentiellement choquantes ³ font partie intégrante du jeu. Ainsi, un avertissement au lancement du jeu annonce la couleur : ce jeu contient des scènes sanglantes. Vous êtes prévenus !

Il faudra donc s’assurer de la compatibilité du contenu avec la sensibilité du joueur, notamment si c’est un enfant (et le cas échéant peut-être l’accompagner).

Sinon, si l’enfant est motivé et manipule déjà la souris, on peut lui confier le jeu sans problème à partir de 9 ans, pour lui inculquer les bons réflexes à adopter en cas d’accidents.

Quel matériel est nécessaire pour y jouer confortablement ?

Commençons par les besoins en processeur central et mémoire vive. L’éditeur recommande un Intel Core i7-6700 @ 3,40 GHz (4 CPUs) avec 8 GB RAM, une carte graphique NVidia GeForce GTX 1060 6GB, pour jouer de manière optimale.

Dans les faits, le jeu a été utilisé (sous Linux) sur un ordinateur équipé d’un processeur datant de 2011 (core i7 2700k) et de 12 GO de mémoire vive. Il s’est révélé fluide. Donc de ce côté là, les besoins ne sont pas immenses.

Cependant, pour profiter de la beauté des graphismes et bien s’immerger dans les différentes scènes, ce matériel doit être plutôt bien épaulé. Ainsi chez Nvidia, une GTX 1660 super offre encore de belles saccades et les déplacements sont parfois longs avec les détails au maximum. Étonnant alors que l’éditeur recommande un GTX 1060 ⁴. Par contre une RTX 3070 offre une excellente fluidité et l’immersion est encore plus poignante.

Côté espace disque, comme souvent avec les jeux qui utilisent des graphismes haute-définition, votre disque sera amputé de plusieurs dizaines de GO (ici 18 GO)! Il faudra bien sûr télécharger tout ça, donc prévoyez une bonne connexion (fibre, 4G ou mieux), ou armez-vous de patience 🐌!

Verdict

Vous l’aurez compris, je n’ai pas bien saisi l’histoire du casque de réalité virtuelle qui permet d’intervenir sur des accidents dans le passé. Si on laisse cet aspect de côté et qu’on se téléporte sur les lieux d’un accident où l’on devient le primo-intervenant, alors on se prend vite au jeu et on s’éclate! La version finale a été ici utilisée.

Des actions à répéter… sans lassitude

On s’éclate, malgré la répétition des actions ⁵ à effectuer au travers des différentes scènes d’accidents. Car le jeu n’est en rien monotone et devient palpitant lorsqu’il faut trouver l’action à mener pour sauver la vie des victimes. On s’immerge avec joie (et un peu de stress parfois) dans cette atmosphère réaliste.

Du réalisme et de la logique

Et en parlant de réalisme, les actions de secours à mener relèvent toutes de la logique, aucune n’est capillotractée et l’on comprend d’instinct ce qu’il faut faire. Si l’on est bloqué, il suffit de prendre du recul quelques secondes, penser à ce qu’on ferait dans la vraie vie, et la conduite à tenir apparaît tout de suite. Comme si les concepteurs du jeu avaient réussi le tour de force de recréer un langage universel du secourisme.

Quelques points à améliorer tout de même …

Toutefois certains aspects du jeu gagneraient à être mieux finis.

Problèmes d’affichage

Ainsi certaines scènes sont parfois un peu incompréhensibles. Par exemple celle avec le camion de prisonniers dans les années 70, où l’on nous propose d’ouvrir un frigo invisible au milieu d’une voie ferrée. C’est un peu déroutant, mais comme le jeu se veut réaliste, à force, on comprend que c’est un problème d’affichage et qu’il faut chercher ailleurs.

Certains feux impossibles à éteindre

Dans un tout autre registre, l’extinction des feux de voitures revêt parfois une difficulté particulière. En effet, sur certains accidents (celui sur la Côte d’Azur vient de suite à l’esprit), on ne sait pas comment éteindre le feu et où il faut viser exactement. Il faut alors recommencer la scène en essayant de viser autre part et au bout d’un moment ça fonctionne, le feu s’arrête, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi.

Une logique à géométrie variable

La logique louée au chapitre précédent se dérobe dans certaines missions. Ainsi on apprend dans les premières missions à défaire la ceinture pour pouvoir libérer les voies aériennes (ex: en Russie), mais ensuite dans la mission en France par exemple, ce n’est plus nécessaire pour certaines victimes, alors qu’il n’y a aucune raison de ne pas le faire.

Idem pour le feu dans le compartiment moteur. Pour l’éteindre il semble falloir d’abord utiliser l’extincteur puis couper le contact, alors qu’une note indique qu’il faut couper le contact pour éviter un court-circuit qui causerait ensuite un feu, ce qui est logique. Par conséquent ces exemples font quand même penser que le jeu a été fini à la va-vite.

Traduction française à la va-vite

À la va-vite aussi la version française, qui ne comporte pas de dialogue, puisque toutes les instructions sont données par écrit à l’écran. En général on a le temps de les lire et on arrive à comprendre ce qu’il faut faire. Mais par moment, c’est un peu du charabia, ou il manque des mots. Ainsi on vous demandera de “vérifier les S” (au lieu de “faire le bilan des victimes”), de “soigner les en priorité” (au lieu de “soigner les victimes les plus atteintes en priorité”), ou alors on vous explique qu’“une branche est coincée dans le volant de la voiture” (au lieu “d’une branche est coincée dans la roue de la voiture) en vous montrant une branche dans une roue.

Ce n’est pas très grave car on comprend l’idée, mais ça m’a personnellement gêné parfois pour trouver la logique du scenario de l’accident, comme ici à Teramo en Italie (deuxième accident).

Bref, ces quelques exemples montrent que les traductions ont été réalisées sans donner le contexte au traducteur, et que dans quelques cas (vous en trouverez tout au long du jeu), elles laissent à désirer.

Un énorme bug

Au fil du jeu, un énorme bug est apparu. Pour le voir vous pouvez regarder la vidéo de la mission en Suède. En résumé, comme je n’arrivais pas à trouver l’indice manquant, j’ai commencé à replacer les événements dans l’ordre. Bien mal m’en a pris, car ensuite, j’ai trouvé l’indice, mais plus moyen de le faire apparaître dans la liste des événements. Impossible donc de finir cette mission, sans la recommencer depuis zéro. Par conséquent, ne commencez pas à ranger les indices chronologiquement avant de les avoir tous rassemblés!

Une durée de vie limitée

Pour un enfant de 9 ans, les compteurs de Steam affichent 14h de jeu après qu’il a terminé la dernière mission disponible.

Pour le prix, ce n’est pas très long. Mais si l’on considère l’intérêt pédagogique, ces quelques heures suffisent amplement pour faire passer des messages sur les comportements à bannir quand on est au volant, et sur les bons réflexes à adopter en cas d’accident (ex : appeler les secours au 112, baliser la zone, …), surtout auprès des enfants / adolescents.

… mais rien de rédhibitoire

Hormis cela, on prend du plaisir, les ambiances sonores et visuelles sont poignantes, si bien qu’on se prend facilement au jeu et qu’on oublie les petits défauts cités précédemment. En plus, on peut y jouer sous Linux sans configurer quoi que ce soit. Les aficionados du pingouin apprécieront!

Conclusion

Accident est donc un jeu vidéo très réaliste, compatible Linux (donc normalement OS X aussi). Il est en outre intéressant pour faire prendre conscience aux enfants / adolescents des bons comportements à adopter quand ils seront au volant (ex: pas de SMS en conduisant), ou s’ils sont primo-intervenants sur le lieu d’un accident. Ils pourront ainsi acquérir les automatismes pour sauver des vies dans la réalité. En effet, à force de répétitions, le joueur intègre de manière ludique la chronologie des actions à mener :

1. appeler les secours,
2. leur communiquer la position de l’accident,
3. poser le balisage,
4. éviter le sur-accident,
5. effectuer le bilan de la victime (conscience, respiration, plaies, traumatisme),
6. effectuer les gestes de premier secours.

La note maximale lui avait été initialement attribuée, mais en refaisant et approfondissant les missions pour enregistrer les vidéos du site, divers soucis sont apparus. Ces derniers font penser que le jeu a été bâclé à certains niveaux. Une étoile s’est donc décrochée!

Si vous souhaitez obtenir de l’aide sur ce jeu, ne manquez pas notre prochain article où l’on vous proposera la solution des différents accidents.